Marie Robert *France
"Sostengo en mis manos
una vida frágil,
en mis brazos
una niña de ojos oscuros
y, sobre mi rostro bronceado,
un trozo de lienzo
aún blanco.
Soy una mujer sin fachada.
Las bombas caen
Mi niña grita
Siento su vida
viviendo cálidamente
en mi pecho
La envuelvo con ternura,
con más ternura
en la tela brillante
de mi largo vestido blanco.
Las bombas gritan
Mi niña tiembla
La beso entre mis pechos,
le susurro con voz blanca
las palabras que cantan
para calmar su miedo.
Que mi voz sea más fuerte
que el silbido de los misiles
y mi cuerpo más sereno
que el crujido de los muros blancos.
Que mi boca en su frente
sea más suave
que el estruendo de los impactos,
más reconfortante
que la locura de las bombas.
Escupen una lluvia de fuego.
Corro
ante la cortina de Tumbas,
ante los crímenes del mundo,
ante los muros derruidos.
Mis pies chocan contra montones de escombros.
Tropiezo...
Ya no puedo cantar.
Ya no puedo caminar.
La lluvia de fuego ha detenido mi vida.
¡Todo se derrumba!
¡Hace tanto frío, de repente!
En mi vientre,
el niño ya no llora.
En mi pecho,
el vestido de lino blanco
está manchado con nuestra sangre.
En mi rostro,
el velo se ha rasgado.
Morí en Bagdad,
en Sarajevo, en Damasco,
en Beirut, en Gaza,
acribillado a balazos en Eilat
*
Marie Robert * France
« J'ai entre les mains
une vie fragile,
entre les bras
un enfant aux yeux noirs
et, sur mon visage tanné,
un morceau de toile
encore blanche.
Je suis une femme sans façade.
Les bombes tombent
Mon enfant crie
Je sens sa vie
chaudement vibrer
sur ma poitrine
Je l'enveloppe tendrement,
plus tendrement
dans le tissu brillant
de ma grande robe blanche.
Les bombes hurlent
Mon enfant tremble
Je l'embrasse entre mes seins,
lui murmure d'une voix blanchie
les mots qui chantent
pour adoucir sa crainte.
Que ma voix soit plus forte
que le sifflement des missiles
et mon corps plus serein
que le craquement des murs blancs.
Que ma bouche sur son front
soit plus douce
que le fracassement des impacts,
plus apaisante
que la folie des bombes.
Elles crachent une pluie de feu.
Je cours
devant le rideau des tombes,
devant les crimes du monde,
devant les murs qui s'effondrent.
Mes pieds heurtent des masses de gravas.
Je trébuche….
Je ne peux plus chanter
Je ne peux plus marcher
La pluie de feu a arrêté ma vie
Tout s’effondre !
Il fait soudain si froid !
Sur mon ventre,
l'enfant ne pleure plus.
Sur ma poitrine,
la robe de toile blanche
se teinte de nos sangs.
Sur mon visage,
le voile s'est déchiré.
Je suis morte à Bagdad,
à Sarajevo. à Damas,
à Beyrouth, à Gaza,
criblée de balles à Eilat… »